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THE LAST OF US PART II, une bonne suite ? Notre test

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En 2013, Naughty Dog nous proposait sa nouvelle licence, The Last Of Us. Cette oeuvre a marqué une génération de joueurs et il aura fallu patienter sept longues années pour voir une suite aux histoires d'Ellie et Joel, sobrement sous-titrée, Part II. Dire que ce jeu est le plus attendu de l'année, voire de la PS4, est un euphémisme ! L'attente est-elle justifiée ? Est-ce une bonne suite ?

 

 

 

 

A la fin du premier opus, nous avions laissé Ellie et Joel aux portes de Jackson, petite communauté fortifiée dirigée par Tommy, le frère de Joel. Ce dernier n'avait pu se résoudre à sacrifier l'adolescente immunisée, alors que les Lucioles pensaient trouver un vaccin grâce au cordyceps qui s'est développé dans son cerveau... Laissant pas mal de cadavres dans son sillage, le cinquantenaire fatigué voulait enfin se ranger et profiter d'une vie qu'il espérait plus calme, avec sa fille adoptive à ses côtés. Tout ceci est rapidement expliqué via un petit résumé. Des scènes ont été refaites pour l'occasion avec des graphismes PS4.

 

Après une ellipse de quatre ans dans le futur, nous retrouvons Joel et Tommy directement dans leur quotidien. Les deux frangins, rentrant d'une patrouille, nous permettent de découvrir Jackson et ses environs, une petite ville bien organisée, grouillante de vie et qui nous laisse la sensation d'un semblant de normalité. Ellie, quant à elle, a bien grandi. Désormais jeune femme, elle vit sa vie, tranquillement, joue de la guitare, dessine, s'est fait de nouveaux amis, et connaît ses premiers flirts. Par une journée comme les autres, elle est amenée à partir en vadrouille avec son amie Dina. Celle-ci fait du rentre-dedans pas très subtil à une Ellie plus que réceptive mais un évènement tragique va pousser Ellie sur le sentier de la guerre et de la vengeance.

 

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L'IMMERSION PAR LES DÉTAILS

 

On le sait, Naughty Dog s'illustre par sa science du rythme. Le récit et l'action sont bien équilibrés et le joueur alterne entre phases d'action très intenses et passages d'exploration plus posés. De nombreux flashbacks viennent étoffer l'histoire pour mieux comprendre les enjeux, la relation entre les personnages et ce qu'il s'est passé entre l'épisode 1 et 2.

 

Les développeurs se sont servis du travail effectué sur Uncharted 4 et Uncharted Lost Legacy pour enrichir The Last Of Us Part II, et l'immersion est vraiment primordiale pour eux.

 

Pour rendre un jeu immersif, les graphismes jouent un rôle important. Et on peut dire que les équipes de Naughty Dog ont poussé la PS4 dans ses retranchements. Ils ont accouché de l'un des plus beaux jeux (voire le plus beau) de cette génération de machines.

Les décors sont somptueux, les rais de lumière qui transpercent les arbres, subliment les environnements. Les modélisations des animaux, notamment les chevaux (aussi bien fait que dans Red Dead Redemption 2, référence en la matière) ainsi que les expressions faciales plus expressives que jamais, rendent le tout plus crédible. La beauté de la nature verdoyante contraste avec la brutalité des combats.

Le jeu pèse 99 Go et il n'y a qu'à entendre à quel point les ventilateurs, même d'une Pro, sont en souffrance, pour mesurer la portée de l'exploit. On peut noter qu'un léger downgrade a été opéré par rapport à la démo de l'E3 2018. Sûrement que la stabilité et les limites atteintes de la PS4 ont conduit à ces concessions. Un peu de clipping reste à déplorer mais, dans l'ensemble, The Last Of Us Part II est magnifique et annonce la qualité des jeux des prochaines consoles.

 

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Pour renforcer ce sentiment d'immersion, vous pourrez compter aussi sur la mise en scène. La qualité des transitions et l'utilisation de nombreux plans-séquences immergent le joueur dans ce monde, le tout sans temps de chargement ! 

 

La narration environnementale renforce cette immersion grâce à des décors qui fourmillent de détails. Une simple pièce ou un appartement peuvent raconter une histoire, juste en les observant.  On a la sensation d'une liberté en monde ouvert alors que les développeurs nous mènent, en réalité, là où ils le veulent, mais sans jamais être frustré. De plus, les actions et les dialogues contextuels peuvent varier en fonction de nos choix.

Très peu d'informations sont affichées sur le HUD. Pour se diriger, il faudra beaucoup observer et vous pourrez vous repérer avec des panneaux, des enseignes ou des bâtiments. Le level design est vraiment ingénieux, plus vertical et fait la part belle à l'exploration, nécessaire si vous souhaitez dénicher de nombreuses ressources pour améliorer vos compétences, vos armes, par exemple, ou pour en apprendre plus sur les évènements passés, en trouvant des notes et des lettres de survivants. Il y a plus de 300 collectibles à trouver (et quelques easter eggs sympathiques en référence à Nathan Drake ou Jak and Daxter), bonne chance !

 

La bande-son et la VF sont d'une grande qualité et participent au succès du jeu.

 

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NUITS NOIRES À SEATTLE

 

La chasse à l'homme d'Ellie va la faire traverser quatre États sur plus de 1000 km pour arriver finalement à Seattle, la plus grande ville de l'État de Washington, votre nouveau terrain de jeu et d'horreur.

 

Une fois arrivé sur place, la ville paraît gigantesque et ses murs d'enceinte infranchissables. À l'intérieur, vous constatez qu'une partie de la Nature a repris ses droits: des morceaux de routes et des immeubles se sont effondrés, la végétation recouvre le bitume et des cours d'eau se sont improvisés dans les rues.

Chevauchant Paillette, vous vous retrouverez dans une grande zone à explorer et vous vous dirigez grâce à une carte touristique dénichée dans un tiroir. Libre à vous d'aller où vous le souhaitez, certains batîments étant même facultatifs. Mais il serait dommage de passer à côté du magasin de musique et voir Ellie empoigner une guitare pour fredonner une reprise de "Take On Me", après avoir vous même gratté les premières notes sur la pavé tactile de la DualShock: ça met les poils, comme on dit. Plusieurs moments de la sorte sont à découvrir et confèrent une pause très agréable dans cette atmosphère lourde.

Cependant, ce large secteur sera le seul de ce type et vous explorerez plutôt des endroits semi-ouverts moins étendus. Dommage, on aurait aimé en avoir plus.

 

Comme je le disais plus haut, la construction des niveaux est très bien agencée, plus verticale et récompensera les plus observateurs et aventuriers d'entre vous. Il sera possible d'accéder à des endroits cachés en cassant des vitres, en utilisant des cordes, en déplaçant des poubelles ou en sautant d'une plateforme à une autre. De plus, les lieux à explorer sont très variés et inédits comme des musées, un aquarium, un zoo.

 

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Une fois l'émerveillement passé, vous vous rendrez compte que Seattle est un champs de bataille sur lequel s'affrontent deux factions. D'un côté les Wolfs (ou WFL pour Washington Liberation Front), sorte de milice paramilitaire qui a chassé l'agence gouvernemantale de la FEDRA hors de la ville. Ils sont bien organisés et rassemblent beaucoup d'hommes et de matériel. Ceux-ci sont en conflit avec les Scars, aussi appelés Séraphites, qui eux prônent un retour à la Nature, rejettent l'ancien monde et versent plutôt dans le fanatisme religieux en idôlatrant une figure féminine, dont on se met à douter de son existence un jour...

 

Pour vous frayer un chemin parmi tous ces obstacles, vous pourrez compter sur une Ellie plus mobile que ne l'était Joel dans The Last Of Us premier du nom (l'âge peut être?). Votre personnage peut désormais ramper, se cacher dans les hautes herbes et se battre au corps à corps même si vous n'avez pas d'armes de mêlée sur vous. Une simple pression sur L1 vous permet d'esquiver les coups pour mieux riposter ou fuir.

La conception des niveaux vous incitent à l'infiltration et vous pouvez parfaitement traverser les zones de danger sans tuer qui que ce soit. Mais cette voie est bien souvent compliquée et, très souvent, la situation dégénère en gunfight bien violent, et intense : les têtes explosent, les jambes et les bras volent dans une flaque de sang.

Dans ces situations là, vous bénéficierez donc d'un arsenal conséquent et meurtrier. Vous pourrez également fabriquer de nouvelles munitions comme des flèches explosives ou bien des cartouches incendiaires. A vous de trouver des établis afin d'améliorer vos flingues. Cela se fait de façon assez classe et réaliste, immersion encore une fois.

 

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L'IA des ennemis a grandement été améliorée et ceux-ci peuvent maintenant communiquer entre eux et établir des stratégies pour vous contourner. Les Wolfs auront même à leur disposition des chiens qui pourront sentir votre odeur et vous suivre à la trace. Devoir les tuer est vraiment un crève-coeur...

 

On en oublierai presque que ce monde a sombré à cause d'une maladie fongique. Et oui les infectés champignons ne sont pas en reste et sont plus féroces que jamais. On ressent vraiment plus leur pression et plusieurs scènes les concernant (que Resident Evil ne renierait pas) sont assez stressantes. De nouvelles races d'infectés font leur apparition. Aux fidèles claqueurs, coureurs et colosses, viennent s'ajouter les puants (qui peuvent balancer de l'acide à distance) et les rôdeurs. Mention spéciale à ces derniers, qui fuient le combat de face et vont se cacher pour vous tendre des embuscades. Ils sont bien sûr indétectables avec le mode "écoute", à vous de tendre l'oreille.

 

Votre compagnon (lorsque vous en avez un) est plus utile qu'avant, il se montrera efficace pour blesser ou tuer vos ennemis, vous ne le trainerez plus comme un poids. Et il est agréable d'écouter les dialogues qui se lancent de manière très fluide.

 

Enfin, Naughty Dog a voulu rendre son jeu le plus accessible possible et il existe une foule de paramètres pour les malvoyants, les malentendants et les daltoniens, par exemple. L'effort est à saluer et à réitérer pour les productions à l'avenir.

 

CHACUN A SES VÉRITÉS

 

La maturité des propos est à souligner. Le jeu se classe bien évidemment dans la catégorie 18+.

La violence est justifiée mais ne sombre pas dans le manichéisme. Dans cet univers sombre, pas de gentils, pas de méchants, tout le monde a une bonne raison d'agir comme il le fait. La survie prévaut et les plus bas instincts de l'Homme ont refait surface.

Ce qu'il y a d'intéressant ici, c'est c'est que tous nos repères sont chamboulés, tout est remis en question, "l'ennemi" est humanisé. Le joueur est perturbé car il est, en permanence, questionné sur ses choix, ses motivations.

Naughty Dog a réussi à nous enfumer pour mieux nous surprendre, même si quelques leaks ont réussi à fuiter quelques temps avant la sortie. Un nouveau personnage jouable, Abby, au physique très masculin et qui tranche avec les clichés, nous permet d'avoir une autre vision des évènements et nous ne pouvons pas porter le même regard une fois que nous avons toutes les versions. Son aventure agit en miroir à celle d'Ellie, ce qui est très intéressant dans la narration.

 

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Le directeur du studio californien, Neil Druckmann, impose ses prises de position fortes et clivantes. Celles-ci vont forcément diviser les joueurs dès lors que l'on touche à des sujets sensibles et actuels tels que la religion, l'homosexualité ou le transgenre. Déjà plusieurs crétins ont déversé leur haine sur Twitter pour signifier leur mécontentement auprès de Naughty Dog à travers des tweets homophobes, transophobes et antisémites. Certains sont même allés chercher des doubleurs pour les menacer de mort. Pathétique !

Une oeuvre n'appartient qu'à son créateur et il faut savoir faire la part des choses. Le jeu vidéo échappe pour le moment, à quelques exceptions près (Mass Effect 3 ?) aux réécritures de scénario, comme cela se fait à Hollywood, sous la pression des fans. Et c'est tant mieux ! À l'heure où les grosses productions sont stéréotypées et ne prennent aucun risque, Sony nous montrent que les jeux solos ont encore un avenir face à la multitude de jeux multi qu'on tente de nous imposer comme seul modèle.                   

 

Même si en soit le scénario n'a rien d'exceptionnel, et traîne même un peu en longueur dans sa deuxième partie, c'est son exécution et l'écriture des personnages qui rend The Last Of Us Part II brillant. Durant les 35 heures que nous offrent le jeu, le réalisme poussé nous procure les mêmes sensations que notre avatar à l'écran. Nous sommes en colère et triste lorsque nous perdons un être cher, comme nous sommes mal à l'aise au fait de tuer des gens à tour de bras quand bien même la vengeance est notre seul moteur pour avancer. Plusieurs fois, Ellie franchit la ligne dans sa quête de réponses, et plusieurs fois elle est prête de flancher mais son besoin irréprésible de représailles la pousse à continuer jusqu'au bout. Cette sombre odyssée lui laissera d'ailleurs des séquelles post-traumatiques. De cette expérience viscérale, on en ressort lessivé. Mais une fois le jeu terminé, il nous suit dans nos esprits mais il faut d'abord le digérer comme pour son prédecesseur.

 

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Qu'est-ce qu'une bonne suite ? Je pense qu'une bonne suite doit respecter l'oeuvre d'origine en gardant les meilleurs aspects et apportant une touche de nouveautés, sans pour autant nous servir la même soupe. En ce sens, la bonne suite ne doit pas hésiter à bousculer nos habitudes, brouiller nos repères, jouer avec nos attentes et nous susprendre, quitte à tout faire péter.

Naughty Dog a donc relever le défi haut la main et démontre une nouvelle fois tout son savoir-faire, grâce à une multitude de détails qui font les grandes histoires. L'attente a été longue mais le studio californien a voulu nous offrir la meilleure version possible, ce qui explique les multiples reports. Pas grave lorsque la qualité est au rendez-vous ! Ils signent là l'un des plus beaux jeux de la PS4 tant dans le fond que dans la forme.

 

 

Ce que j'ai aimé :

 

  • les thématiques matures et actuelles abordées
  • un rythme maîtrisé
  • la PS4 poussée à fond (décors, animations faciales...)
  • une mise en scène impactante sans chargements
  • une narration environnementale de tous les instants grâce à une multitude de détails
  • la bande-son et la prestation des acteurs d'une grande qualité (VF au top)
  • un personnage plus mobile avec de nouvelles habilités
  • des pauses musicales et des flashbacks vraiment émouvants
  • un level design bien pensé et plus vertical qui encourage l'exploration
  • un véritable effort sur l'accessibilité
  • une grosse durée de vie (environ 35h)

 

 

Ce que j'ai moins aimé :

 

  • l'utilisation d'un casque est recommandée tant la console souffle
  • un scénario pas très exceptionnel
  • le deuxième acte est peut être un peu trop long
  • l'infiltration pas très aisée où les situations dégénèrent très rapidement
  • on aurait aimé plus de grandes zones à explorer comme lors de notre arrivée à Seattle

 

 

 

THE LAST OF US PART II est disponible depuis le 19 juin en exclusivité sur PS4 en version physique et digitale.

 

 

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07/07/2020
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